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De quel orateur Trump est-il le nom ?

Les observateurs raillent souvent le style de communication de Donald Trump. Ils ont tort

A nouveau Président en 2024 ? Malgré sa défaite après un mandat controversé, Donald Trump s’apprête à une nouvelle campagne présidentielle. Dans ce billet, nous nous intéressons à son style oratoire.

AU-DELÀ DES CLICHES

Les observateurs opposent souvent les styles de Trump et de son prédécesseur, Barack Obama, dans leurs discours en particulier. Souvent, les mêmes stéréotypes reviennent. Trump est un illettré face à un fin rhétoricien comme Obama. Son raisonnement est chaotique contre un argumentaire logique et persuasif. Il est paresseux face à un engagé. Enfin, il privilégie le clash face à un professionnel du storytelling.

Donald Trump n’a certes pas le souffle d’un Martin “J’ai fait un rêve” Luther King, ou d’un Charles “Je vous ai compris” de Gaulle. En conclure qu’il est piètre orateur serait hâtif. Au contraire, sa rhétorique, simple, est très efficace pour communiquer avec son public cible.

ATTEINDRE SON PUBLIC CIBLE

Quel est l’auditoire de Trump ? Son électorat consiste avant tout en partisans issus des classes moyennes inférieures. D’un modeste niveau d’éducation, ils éprouvent un fort ressentiment à l’égard des autres. Le sénateur, désormais trumpiste, J.D. Vance a particulièrement bien décrit ce monde de petites gens dans “Hillbilly elegy”.

Pour que ce public le comprenne, Trump utilise un langage simple qui le rend authentique et différent du reste de la classe politique. Ainsi, ses phrases regorgent davantage de mots courts, monosyllabiques, et comportent rarement des propositions subordonnées. Pour le démontrer, les experts ont passé ses discours à la moulinette du test Kincaid. Celui-ci évalue la complexité d’un discours en mesurant la longueur moyenne des mots et des phrases. Le résultat du test est un nombre qui correspond à un niveau scolaire. Ainsi, un enfant de niveau CM1 peut comprendre les discours de Trump, alors qu’il faut être en 5ème pour comprendre Hillary Clinton et en seconde pour Bernie Sanders. Pour la petite histoire, il faudrait être bac+5 pour comprendre les discours de Georges Washington…

D’autre part, Trump emploie beaucoup de mots terre-à-terre, prosaïques, comme le mur, ou le virus chinois par exemple. Il use de répétitions, faisant sienne la formule de Joseph Goebbels “Répétez un mensonge suffisamment longtemps, et les gens finiront par y croire”. Son expression est truffée de fautes de grammaire qui donnent l’impression de parler “peuple”. Ce faisant, il parle à ceux dont l’anglais n’est pas la langue maternelle, comme le sont nombre de ses électeurs.

LA simplicité AVANT TOUT

De fait, la simplicité est puissante, la simplicité est mémorable, la simplicité fonctionne. Trump donne à penser que la politique, en fait, c’est très simple : construire un mur, bombarder les ennemis, battre les adversaires. Trump accroît la proximité avec son public en l’interpellant souvent à la deuxième personne. Il parle sans note ni prompteur, maintenant un contact visuel permanent.

Il donne ainsi le sentiment qu’il ne déroule pas un script préparé par quelques technocrates dans une alcôve de Washington. Et ça marche parce que son auditoire veut qu’on lui confirme qu’il a raison d’être en colère et de rejeter la politique traditionnelle. Obama et Clinton, de leur côté, s’adressent à un public plus instruit, qui accepte d’être éclairé sur des sujets qu’il ignore, mais dont il perçoit la complexité.

TENIR LE PUBLIC PAR L’ATTENTION

En plus de cette simplicité, Trump a cette capacité de capter l’attention de son auditoire et de ne pas la lâcher. Il utilise pour cela plusieurs figures de style comme les images frappantes (“le mur”, “protéger les frontières”), les surnoms de brutes de catch dont il affuble ses adversaires (“Ron DeSanctimonious” pour son concurrent DeSantis le sentencieux, “Crooked Hillary” – Hillary la véreuse) ou des formules comme “Je n’aime pas me battre avec le pape”.

Même ses fautes de grammaire forcent ses auditeurs à se concentrer pour donner du sens à ce qu’il dit. D’ailleurs, il finit souvent ses phrases par des mots forts quitte à être incorrect grammaticalement. Quant au langage non verbal, il est parfaitement congruent avec le contenu du discours : une voix variée en rythme et en tonalité, qui claque un peu comme mitraillette, un corps qui occupe tout l’espace, avec les mains ouvertes. C’est la posture du mâle dominant prêt à en découdre.

POUR ALLER PLUS LOIN

Par la simplicité de son style et sa capacité à retenir l’attention, Donald Trump emploie efficacement la parole pour convaincre son public-cible qu’il est l’homme de la situation. Nous consacrerons un prochain article à analyser l’efficacité d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen par rapport à leur public.

En attendant, si voulez apprendre à évaluer la qualité d’une prise de parole, nous vous invitons à découvrir la méthode Toastmasters en assistant à l’une de nos prochaines séances. C’est ici.

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Comment organiser un concours Toastmasters? (Partie 3)

Dans ce dernier article, nous fournissons la liste des documents nécessaires aux concours

C’est en principe l’organisateur du concours qui se charge de fournir les documents nécessaires pour le concours. Si vous tenez ce rôle, assurez-vous d’imprimer bien à l’avance tout le matériel dont vous avez besoin pour la soirée du concours et en quantité suffisante. Pour faciliter les choses, préparez des dossiers à remettre au président du concours et au président de jury.

Deux familles de documents sont nécessaires pour les concours.

Préparation du matériel du concours (CANDIDATS)

Document

Nomenclature TM Document anglais – cliquable Document français
Règlement des concours Toastmasters
1171 Speech Contest Rulebook (1171) Uniquement en anglais pour la version la plus récente
Certificat d’admissibilité de candidat 1183 Speaker Certification Eligibility Originality (1183) Certificat d’admissibilité (FR1183).pdf
Biographie du candidat 1189 Speech Contestant Profile (1189) Biographie du candidat (FR1189).pdf
Certificat de participation 510D Certificate Participant (510D) Certificat de participation (FR510D)
Diplôme 1ère place 510A  Certificate 1st place (510A) Diplôme 1ère place (FR510A)
Diplôme 2ème place 510B Certificate 2nd place (510B) Diplôme 2ème place (FR510B)
Diplôme 3ème place 510C Certificate 3rd place (510C) Diplôme 3ème place (FR510C)
Feuille d’évaluation
1177 Evaluation sheet (1177) Feuille d’évaluation (1177 FR)

 

Préparation du matériel du concours (JURY)

Document

Nomenclature TM Document anglais – cliquable Document français
Certificat d’éligibilité de juge 1170 Judge certification of eligibility (1170) Certificat d’éligibilité (FR1170).pdf
Bulletin de vote – concours de discours international 1172 International speech contest ballot (1172) Bulletin de vote (FR1172).pdf
Bulletin de vote – concours de discours humoristique 1191 Humorous speech contest ballot (1191) Bulletin de vote concours humoristique (FR1191)
Bulletin de vote – concours de discours improbables (Tall Tales) 1181 Tall tales contest ballot (1181) Bulletin de vote discours improbables (FR1181)
Bulletin de vote – concours de discours improvisés (Table Topics) 1180 Table topics contest ballot (1180) Bulletin de vote concours d’improvisations (FR1180)
Bulletin de vote – concours de discours d’évaluation 1179 Evaluation speech contest ballot (1179) Bulletin de vote concours d’évaluation (FR1179)
Bulletin de juge des ex-aequo – concours de discours international 1188 International speech contest tiebreaking ballot (1188) Bulletin de bris d’égalité (FR1172A).pdf
Bulletin de juge des ex-aequo – concours de discours humoristique 1191a Humourous speech contest tiebreaking ballot (1191a) Bulletin de bris d’égalité concours humoristique (FR1191a)
Bulletin de juge des ex-aequo – concours de discours improbables (Tall Tales) 1181a Tall tales tiebreaking ballot (1181a) Prendre le bulletin anglais avec le bulletin de vote discours improbables français
Bulletin de juge des ex-aequo – concours de discours improvisés (Table Topics) 1180a Table topics tiebreaking ballot (1180a) Bulletin de bris d’égalité concours d’improvisation (FR1180a)
Bulletin de juge des ex-aequo – concours de discours d’évaluation 1179a Evaluation speech contest tiebreaking ballot (1179a) Bulletin de bris d’égalité concours d’évaluation (FR1179a)
Formulaire de dépouillement des scrutateurs (Tally Sheet) 1176 Tally sheet (1176) Formulaire de dépouillement des scrutateurs (FR1176)
Notification des gagnants 1182 Notification of contest winners (1182) Notification des gagnants (FR1182)
Feuille de temps 1175 Time record sheet (1175) Feuille de temps (FR1175)

 

Vous savez tout maintenant sur l’organisation d’un concours Toastmasters. A vous de jouer !

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Comment organiser un concours Toastmasters (partie 2)?

Dans ce deuxième article, nous nous concentrons sur le rôle spécifique de l’organisateur du concours et des présidents de concours et de jury

L’article précédent a présenté les différentes pièces de ce puzzle qu’est l’organisation d’un concours de discours. Dans ce billet, nous proposons un calendrier des choses à faire avant le concours proprement dit. Nous y incluons des modèles d’e-mails à envoyer aux différentes parties prenantes.

Calendrier des taches de l’organisateur du CONCOURS
Au moins six semaines avant le concours
  • Ouvrez la page EasySpeak du concours. En principe, il existe un modèle que vous pouvez réutiliser. (voir l’exemple ici).
  • Demandez à votre président de club d’informer les adhérents de la date du concours et de leur demander de participer comme juge ou aide. Un modèle (en anglais) se trouve ici.
  • Demandez-lui aussi de mentionner le concours lors de la clôture de chaque réunion jusqu’au concours.
  • Configurez ce document pour suivre les candidats, les aidants et les juges.

Il n’y a pas de limite au nombre de concurrents dans une compétition, mais vous devez tenir compte de la durée de la réunion et équilibrer le nombre de concurrents avec celui des membres du club remplissant les autres rôles nécessaires.

 Quatre semaines avant le concours
  • Si le concours est au niveau du secteur ou au-delà, vous devez disposer de la « notification des 3 gagnants » de chaque concours.de niveau inférieur.
  • Assurez-vous que tous les concurrents sont bien éligibles (cotisations à jour, pas dirigeant du district, ne pas concourir dans 2 clubs différents et autres conditions d’éligibilité exigées par Toastmasters International).
  • Adressez au président du jury le nom des candidats et leur club d’appartenance afin qu’il sélectionne les membres du jury dans le respect des directives de Toastmasters International : pas de juge issu du club d’appartenance d’un des concurrents.
Deux semaines avant le concours
  • Envoyez un courriel au président du concours pour l’informer de son rôle. Un modèle de courriel (en anglais) se trouve ici.
Une semaine avant le concours
  • Envoyez un courriel au président de jury selon le modèle (en anglais) ici.
  • Si vous organisez un concours d’évaluation, contactez l’orateur du discours-cible pour qu’il vous donne le nom de son discours.
Le week-end avant le concours
  • Imprimez les documents du concours. Assurez-vous qu’ils soient organisés de manière à ce que les personnes qui en ont besoin puissent y accéder facilement.
  • Assurez-vous que le président du concours est à l’aise avec le rôle et répondez à toutes ses questions.
Le jour du concours
  • Arrivez tôt.
  • Donnez au président de concours les documents dont il a besoin.
  • Donnez au président du jury les documents dont il a besoin.
  • Remplissez tous les certificats de participation.
  • Prenez des photos lorsque les certificats sont distribués.
  • Amusez-vous!
Après le concours
  • Transmettez la liste des 3 gagnants au responsable de l’échelon suivant (directeur de secteur, de division ou de district). Gardez une trace du classement complet des concurrents au-delà des trois premiers. En effet, au cas où un concurrent n’est pas en mesure de participer au tour suivant, le candidat classé après lui est admis à participer au concours pour représenter le club à sa place.
Calendrier des taches du président de CONCOURS
Deux semaines avant le concours
  • Envoyez un courriel aux participants du concours avec les informations nécessaires. Demandez-leur de remplir le certificat d’originalité et la fiche d’informations biographiques. Chaque concours a un modèle de courriel différent (en anglais).
  • (Cas des concours de secteur et au-delà) En cas de désistement d’un des concurrents, faites appel au candidat suivant sur la liste des vainqueurs du tour précédent.
Pendant le concours
  • Briefez les concurrents et procédez au tirage de l’ordre de passage. Vous pouvez éventuellement fournir ce briefing à distance.
  • (Pour les concours d’évaluation) donnez la feuille d’évaluation à chaque candidat.
  • Demandez aux concurrents s’ils ont besoin de matériel ou d’une installation particulière pour concourir.
  • Demandez aux 2 chronométreurs d’être visibles de tous les concurrents.
  • Déclarez l’ouverture du concours. A ce moment, plus aucun concurrent retardataire n’est admis.
  • En cas de problème ou de dysfonctionnement le concurrent dispose de 30 secondes supplémentaires.
  • Annoncez l’ordre de passage des divers concurrents.
  • Pour les concours d’improvisation et d’évaluation : tous les concurrents sauf le premier à passer sortent de la salle, escortés par l’huissier.
  • Pour les concours de discours et d’improvisations : présentez le concurrent : prénom et nom (applaudissements), titre du discours/sujet d’improvisation, titre du discours/sujet d’improvisation, prénom et nom du concurrent.
  • Pour les concours d’évaluation : présentez le concurrent : prénom et nom (applaudissements), prénom et nom du concurrent.
  • A la fin de chaque discours, demandez une minute de silence pour les juges.
  • A la fin du concours, accordez 2 minutes de silence voire plus, afin que les juges calculent leurs totaux.
  • Dès que le président du jury et 2 à 3 assesseurs se seront retirés, convoquez les concurrents et procédez à leur interview. Si l’un des concurrents participe à un autre concours, vous devrez attendre la conclusion des autres concours avant de procéder à son interview.
  • Recevez d’éventuelles contestations. Seuls les concurrents et les juges peuvent en soumettre, soit au président du concours, soit au président du jury du concours.
  • Récupérez la feuille de « notification de gagnant ». Une fois que les gagnants ont été ainsi déclarés, toutes les décisions sont finales.

 

Calendrier des taches du président de JURY
Quatre semaines avant le concours
  • S’il vous manque encore des volontaires pour les rôles d’aidant, contactez directement les participants à la réunion ou d’autres Toastmasters que vous connaissez dans les clubs de votre voisinage.
Deux semaines avant le concours
  • Pour les concours qui en ont besoin (évaluations et improvisations), envoyez un courriel à l’huissier pour l’informer de son rôle. Le modèle (en anglais) se trouve ici.
  • Envoyez un courriel aux chronométreurs pour les informer de leur rôle. Le modèle (en anglais) se trouve ici.
  • Envoyez un courriel aux scrutateurs pour les informer de leur rôle. Le modèle (en anglais) se trouve ici.
Une semaine avant le concours
  • Envoyez un courriel aux juges (et à l’orateur qui prononcera le discours-cible du concours d’évaluation) pour confirmer leur présence. Le modèle (en anglais) se trouve ici. Dans ce courriel, demandez-leur de remplir le certificat d’éligibilité de juge et incluez-y le briefing des juges.
Pendant le concours
  • Recevez de l’organisateur du concours les documents nécessaires à votre équipe et distribuez-les.
  • (Une fois que les scrutateurs ont ramassé les bulletins de vote) ramassez le bulletin de vote du juge des ex-aequos, ainsi que la feuille de temps. Quittez la salle avec les scrutateurs. Remplissez le formulaire de dépouillement des scrutateurs en éliminant, le cas échéant, les candidats qui ont dépassé leur temps.
  • Remplissez la feuille de notification des gagnants et remettez-là au président de concours.

L’organisation des concours n’a maintenant plus de secret pour vous. Dans le dernier article, nous donnerons la liste des documents nécessaires pour les différents intervenants.

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Comment organiser un concours Toastmasters (partie 1)?

Véritable institution de Toastmasters, le concours de discours demande une organisation soigneuse

Les concours de discours chez Toastmasters procurent de nombreux bienfaits aux adhérents de l’association. En effet, les candidats, stimulés par la concurrence, y trouvent la motivation de se surpasser dans l’art oratoire. De même, le public assiste à un spectacle riche en émotions fortes et puise l’inspiration à l’écoute des meilleurs. Enfin, tous apprécient la convivialité propice à ces rencontres.

Avec cet article nous commençons une série consacrée à l’organisation d’un concours de discours chez Toastmasters.

comment Fonctionne un concours ?

Il existe chez Toastmasters cinq concours :

International : les candidats présentent un discours de cinq à sept minutes sur un sujet de leur choix.

Humour : les candidats présentent un discours humoristique de cinq à sept minutes.

Discours improbable : (“tall tales”) les concurrents présentent un discours de trois à cinq minutes caractérisé par de l’exagération

Improvisations : tous les concurrents se voient attribuer le même sujet auquel ils répondent par un discours d’une à deux minutes.

Évaluations : les participants écoutent un discours-cible de cinq à sept minutes, puis présentent une évaluation de deux à trois minutes de ce discours.

Tout membre à jour de cotisations peut participer aux concours de son club. En outre, les candidats aux concours internationaux en anglais doivent avoir fini au moins deux niveaux d’un parcours Pathways pour y participer.

Ensuite, les gagnants d’un concours de club participent au concours de leur secteur (un groupe de clubs). Puis, les gagnant d’un concours de secteur participent au concours de sa division (un groupe de secteurs, la France est répartie sur 3 divisions). Le gagnant d’un concours de division participera ensuite au concours de son district (un groupe de divisions, la France est dans le district 59 qui inclut aussi le Bénélux). Tous les concours, à l’exception du concours international en anglais, se terminent au niveau du district. Le gagnant du concours international en anglais du district participera au championnat du monde d’art oratoire Toastmasters.

Toastmasters International met à jour tous les ans les règles qui les régissent. Il est très utile de se référer à la version la plus récente de celles-ci car elles sont en constante évolution. Vous trouverez ici la dernière version (en anglais uniquement)

L’organisation d’un concours Toastmasters est un puzzle comportant de nombreuses pièces: des concurrents, bien sûr, mais aussi des aidants. Quel est leur rôle ?

LES DIFFÉRENTS Rôles D’aidants

Organisateur du concours : il recrute le président du concours et celui du jury. Pour les concours de club, il ouvre la page EasySpeak du concours afin que les candidats et les aidants puissent s’inscrire. C’est la raison pour laquelle c’est d’ordinaire le VP Formation qui tient ce rôle.

Président du concours : il ouvre et clôt le concours, explique comment il fonctionne, briefe et présente les participants.

Président du jury : il communique avec les juges, les chronométreurs, les scrutateurs et l’huissier. Il sélectionne le juge des ex-aequo. Il ne vote pas, mais établit la feuille de résultats

Chronométreurs (2 membres) : l’un gère les signaux du temps comme un chronométreur de séances, tandis que l’autre mesure et note la durée du discours.

Scrutateurs/assesseurs (au moins 2 membres) : ils recueillent les bulletins de vote des jurés et décomptent les résultats, avec le président du jury.

Huissier : il escorte les concurrents hors de la salle dans les concours d’improvisations et d’évaluations, se tient près de la porte et conduit les concurrents dans la salle au moment approprié.

Discours-cible  : les concours d’évaluation ont besoin qu’un orateur prononce un discours que les candidats évalueront. Cet orateur doit provenir préférablement d’un autre club.

LE CAS PARTICULIER DES JUGES

En ce qui concerne le jury proprement dit, et dans la mesure du possible, les juges doivent provenir d’autres clubs pour s’assurer qu’il n’y a pas de parti pris et pour encourager les relations entre les clubs. Il n’y a pas d’exigences pour être juge au niveau du club, à part être à jour de cotisations. Les juges doivent rester anonymes dans la mesure du possible.

Juge  : il écoute les orateurs et remplit le bulletin de vote. Il doit impérativement classer les 3 premiers sans égalité.

Juge des ex-aequo : il doit classer tous les candidats sans égalité. Ces résultats sont comptés seulement s’il y a égalité après la somme des résultats des juges. Le président du jury peut éventuellement tenir ce rôle.

Dans un monde parfait, vous trouverez sept juges (cinq juges, un ex-aequo, un président de jury). Le règlement du concours prévoit une certaine latitude si cela n’est pas possible. Ainsi, on peut, à la limite, se contenter de trois juges et un président de jury qui peut également être le juge des ex-aequo.

Dans le prochain article, nous allons décrire le rôle des trois acteurs principaux : l’organisateur du concours, le président de concours et celui de jury.

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“Présidente, je vois double !”

Face à une forte croissance, l’Étincelle a donné naissance à SCINTILLE ! en 2019

Ce n’est plus possible ce club ! Avec trois réunions par mois, je ne connais plus personne”. Ce commentaire aigre d’un des membres les plus anciens de notre club a déclenché la réflexion pour créer un nouveau club Toastmasters : SCINTILLE ! Dans cet article, nous entamons le récit de cette aventure, les obstacles rencontrés et les solutions pour les surmonter. Ce premier épisode nous fait vivre la naissance du club et assister à ses premiers pas hésitants.

L’ÉTINCELLE VICTIME DE SON SUCCÈS

Juin 2019. L’Étincelle a fini la saison avec un nombre, historique, de 52 membres et un taux de fidélité record, puisque 40 adhérents ont renouvelé leur cotisation pour 2020. Sur sa lancée, le club pourrait dépasser 60 membres en juin 2020, car les invités étaient très nombreux, une dizaine en moyenne par séance. D’ailleurs, par manque de places, beaucoup d’orateurs en herbe peinaient à assister aux réunions en tant qu’observateur. Bref, l’Étincelle était un club attractif refusant du monde.

Mais surtout il risquait d’étouffer !

Car l’augmentation du nombre d’adhérents accroît mécaniquement le travail du bureau d’un club. Pour planifier sans trop de délais les discours, limités à 4 par réunion, il aurait fallu créer de nouvelles séances, que le VP Formation aurait dû programmer. Le VP Adhérents aurait dû introniser davantage de membres, le trésorier encaisser plus de cotisations et le VP Relations Publiques programmer les séances des visiteurs plus souvent.

L’enjeu, pour la nouvelle saison, était donc de continuer à offrir un environnement de qualité, permettant aux membres de progresser. En même temps, il fallait rester accessible au plus grand nombre de personnes intéressées. Sans faire porter de charge excessive sur les membres du bureau.

SCINDER LE CLUB OU EN CRÉER UN NOUVEAU ?

La première solution consistait à couper l’Étincelle et ses 40 membres en deux clubs de 20 adhérents chacun. Elle ne fut pas retenue car on ne voyait pas comment aiguiller les Toastmasters vers l’un ou l’autre des clubs.

La seconde approche consistait à créer un deuxième club ex-nihilo. Comme plusieurs membres très expérimentés de l’Étincelle étaient volontaires pour accompagner la création de ce nouveau club, c’est cette solution qui fut adoptée.

Une proposition a permis de convaincre le bureau de lancer le projet. Un discours (“Présidente, je vois double !!”) de rentrée informa tous les membres de la création et des avantages qu’ils en retireraient. Enfin, un concours pour le choix du nom, doté d’un prix, a désigné SCINTILLE! comme son nouveau nom. Tout était prêt pour lancer officiellement le nouveau club !

COUP D’ENVOI ET OBJECTIF 30 !

Octobre 2019. Le nouveau club s’inscrivit auprès de Toastmasters International (TMI). Il disposait d’un an pour atteindre les 20 membres nécessaires pour devenir un club Toastmasters officiel. L’équipe d’accompagnement avait l’objectif ambitieux de recruter 30 nouveaux membres avant fin juin 2020. Le club éviterait ainsi de retomber sous la barre fatidique des 20 membres après le renouvellement des adhésions en septembre.

En échange de 125 USD versés à TMI (et généreusement prêtés par la trésorerie de l’Étincelle), l’inscription donna accès à quelques “goodies” comme un maillet et des cartons du temps. Surtout, elle autorisait le club à distribuer le niveau 1 de Pathways à ses membres. Un document en français réalisé à partir des descriptifs des trois projets composant le niveau 1 remplaça le support original de TMI, en anglais. Enfin, le club disposait de son propre compte EasySpeak, outil incontournable pour planifier facilement les réunions.

PREMIERS PAS ACCOMPAGNES PAR L’ÉTINCELLE

Un nouveau club enfante souvent dans la douleur. En effet, au début, les membres sont peu nombreux, ce qui tend à rebuter les invités qui préfèrent des clubs déjà bien installés. Pour pallier cet inconvénient, le nouveau club a conclu un partenariat étroit avec l’Étincelle.

Selon ce pacte, les nouveaux membres s’inscrivaient obligatoirement dans le nouveau club et non plus à l’Étincelle qui avait fermé ses inscriptions. Les membres les plus expérimentés de l’Étincelle étaient incités, en mentorant de nouveaux membres, à accompagner le club en formation. En échange, ces membres avaient accès gratuitement à deux séances supplémentaires par mois, celles du nouveau club. Ils pouvaient y tenir des rôles, en particulier d’évaluateurs, et prononcer des discours. Ils progressaient ainsi encore plus rapidement. De leur côté, les membres du nouveau club bénéficiaient de l’expérience de l’Étincelle tout en ayant plus de créneaux pour prononcer leurs discours.

Dès le départ, l’abondance de discours et la qualité des évaluations ont donné un cachet professionnel aux réunions de SCINTILLE ! Les nouveaux membres, cornaqués par des Toastmasters expérimentés, programmaient rapidement leur briser la glace, puis les discours suivants du manuel.

UN SOLIDE FLUX D’INVITES

L’Étincelle jouit d’un excellent référencement de son site sur Google. Grâce à lui, de nombreux visiteurs assistaient aux séances. La perspective de prononcer au moins 4 discours, avec des évaluations de qualité, devant un public moins intimidant que le “grand” club de l’Étincelle a convaincu nombre d’entre eux d’adhérer.

De plus, louer une nouvelle salle, proche de celle de l’Étincelle, a permis de bâtir une identité propre au nouveau club. Comme elle était moins coûteuse, le jeune club démuni a fait des économies. Un plan de trésorerie permit au club d’être indépendant financièrement de l’Étincelle, quoiqu’il en utilisât le compte bancaire.

UN PREMIER TRIMESTRE SUR LES CHAPEAUX DE ROUE

En trois mois, le club a reçu l’adhésion de 13 personnes, en avance sur le plan de marche fixé en septembre. En outre, le projet a permis d’améliorer plusieurs processus, comme la gestion des invités, afin de leur proposer d’adhérer après les trois visites que nous avions imposées. Et la formation, délaissée à l’Étincelle par manque de créneaux disponibles. Ainsi, deux formateurs ont présenté des approches efficaces pour l’improvisation et la structuration d’un discours.

UN COUP D’ARRÊT : LES GRÉVES DE TRANSPORT DE FIN 2019

Malheureusement, les grèves dans les transports en cette fin d’année ont assombri ce tableau idyllique. De nombreux membres n’ont pu assister aux réunions et y prononcer leurs discours. Les adhésions ont connu un coup d’arrêt. Quand allaient-elles reprendre ? Y aurait-t-il suffisamment de membres pour que le club soit officialisé avant la fin du mois de juin ? Telles étaient les questions qui taraudaient les fondateurs.

La suite ? C’est ici.

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Comment résoudre pacifiquement un conflit ?

Si les conflits sont inévitables, les surmonter sans faire de perdant est possible

La sagesse populaire croit que la santé d’une institution, qu’il s’agisse d’une entreprise, d’un couple ou d’une famille, est inversement proportionnelle au nombre de conflits qui l’agitent. Pour John Gottman, expert en thérapies conjugales, c’est plutôt la proportion élevée de conflits résolus qui est signe de bonne santé.

Prenons l’exemple de notre club Toastmasters. Dernièrement, la question de scinder ou non le club a divisé le bureau. Une partie considérait le club trop grand pour conserver son atmosphère conviviale, tandis que l’autre estimait que la taille lui permettait d’attirer davantage de nouveaux membres.

Comment résoudre un tel conflit sans que l’une des parties n’ait le sentiment de perdre la bataille ? Le psychologue Thomas Gordon, dont nous avons parlé dans un billet précédent a mis au point une méthode, la gestion des conflits “Tous gagnants”.

CHERCHER D’ABORD A ANTICIPER LE CONFLIT

Supposez qu’au bureau, vous êtes la responsable de Julien. Celui-ci rencontre un problème qui va affecter sa performance et, par ricochet, la vôtre. Si Julien résout son problème avant qu’il ne devienne le vôtre, vous éviterez le conflit. Pour cela, l’écoute réflective, une des compétences de l’entretien motivationnel, peut aider Julien à résoudre son problème en le motivant à changer son comportement.

De même, le Message-Je aide à désamorcer un conflit. En exprimant votre besoin à la première personne, vous préemptez le comportement de l’autre partie. Par exemple, “j’ai besoin de calme aujourd’hui pour écrire mon discours” incitera (peut-être) votre fils à jouer moins bruyamment ce matin dans le couloir.

DÉPASSER LES MÉTHODES TRADITIONNELLES

Malheureusement, il faut parfois affronter l’obstacle. Etablir un rapport de forces est la technique utilisée habituellement dans ses deux variantes : l’autoritaire (“Je gagne”/“Vous perdez”) ou laxiste (“Je perds”/“Vous gagnez”). L’une comme l’autre provoque frustration et ressentiment chez le perdant.

Pour sortir d’un conflit “par le haut” en satisfaisant les deux parties, Gordon propose donc l’approche “Tous gagnants”. Elle comporte six étapes.

Tout d’abord, problématiser le conflit. Il s’agit ici de comprendre le point de vue de l’autre, ses préoccupations et ses besoins sous-jacents. Là encore, l’écoute réflective approfondit le problème, tandis que le Message-Je exprime ce problème de votre point de vue sans accuser l’autre, mais sans non plus minorer votre ressenti.

Ensuite, générer les solutions possibles. C’est la phase créative de la méthode. La quantité prévaut sur la qualité. Évaluation, critique et jugement sont provisoirement suspendus. Il est préférable de commencer par les idées de l’autre partie et les approfondir grâce à l’écoute réflective.

Par la suite, évaluer les options. Pour cela, les questions ouvertes ont toute leur place : quels sont les avantages et les inconvénients de cette solution ? Pourquoi pourrait-elle ne pas marcher ? Les reflets permettent d’approfondir le point de vue de l’autre.

Puis décider. La clé est que la décision vienne de l’autre sans qu’on ait à le persuader ou à le pousser vers une solution.

Enfin vient le temps de mettre en œuvre la décision. Il est toujours préférable de parier sur la confiance plutôt que sur les châtiments en cas de non-respect de la décision. Si autrui n’honore pas l’accord, un message-Je est bienvenu pour le rappeler.

Finalement, suivre la mise en œuvre de la décision et évaluer son résultat. A ce titre, il faut toujours rester souple et garder la porte ouverte pour une reprise de la discussion.

LES BÉNÉFICES D’UNE TELLE APPROCHE

Cette méthode permet de prendre des décisions de meilleure qualité car elles sont construites simultanément par les deux parties en conflit. Les solutions sont adaptées aux besoins et non pas toutes faites. Interagir avec l’autre motive chaque partie à trouver la meilleure solution.

Décider devient aussi plus rapide. Enfin, l’approche “Tous gagnants” préserve les bonnes relations avec l’autre partie.

POUR ALLER PLUS LOIN

L’approche de résolution des conflits de Thomas Gordon constitue donc un progrès par rapport aux méthodes traditionnelles basées sur le rapport de force.

Dans un prochain billet, nous étudierons un cas pratique illustrant cette méthode.

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L’enquête de John Dewey pour résoudre les problèmes

 Le penseur américain John Dewey a conçu une méthode rigoureuse pour résoudre les problèmes en établissant de nouvelles connaissances

Je ne comprends pas. L’année dernière, nous avions régulièrement 4 discours par réunion. Pourtant cette année, avec le même nombre de membres, nous tournons en moyenne à deux discours par séance. Que se passe-t-il ?”. Tel est le propos entendu lors d’une récente réunion de bureau de notre club.

Pour surmonter ce genre de difficulté, il existe une méthode : l’enquête, conçue par John Dewey au siècle dernier. Dans ce billet, nous allons expliquer en quoi elle consiste et quels en sont ses bénéfices.

D’OÙ VIENT LA MÉTHODE DE L’ENQUÊTE ?

John Dewey est un psychologue et philosophe américain qui a vécu à cheval sur le 19ème et le 20ème siècle. Fortement influencé par Darwin et sa théorie de l’évolution, il concevait l’être humain comme un organisme vivant qui cherche à s’adapter à son environnement. Si l’environnement est stable, l’organisme adopte des routines pour fonctionner de manière optimale. Quand le milieu change, un problème surgit qui nécessite de rompre avec les habitudes.

Pour résoudre le problème, l’enquête adopte la méthode des sciences expérimentales, en formulant une hypothèse que l’on testera. Il s’agit là d’un processus continu de questionnement et de recherche de réponses qui permet aussi de mieux comprendre le monde qui nous entoure et de bâtir de nouvelles connaissances.

Elle met l’accent sur la recherche de données tangibles et leur analyse pour en tirer des conclusions logiques.

LES ÉTAPES D’UNE ENQUÊTE

Selon John Dewey, il y a cinq étapes dans le processus de l’enquête :

  1. Identifier la situation indéterminée, celle comportant un dérangement ou une incertitude qui fait que les manières habituelles d’agir sont inadaptées. De fait, cette étape est importante car c’est elle qui va motiver le déroulement de l’enquête.
  2. Définir le problème. Il est important de définir le problème de manière précise et de le formuler sous forme de question, afin de pouvoir le résoudre efficacement.
  3. Formuler des hypothèses. Une hypothèse est une supposition sur la manière dont le monde fonctionne. On la formule à partir de données observées ou de théories existantes. Elle sert de point de départ de l’enquête ou comme cadre de référence pour interpréter ses résultats. Les hypothèses ne sont pas des affirmations définitives; on doit les tester et les valider par des données avant de les accepter. Cela permet de s’assurer que les conclusions sont fondées sur des preuves solides.
  4. Collecter les données et les analyser. Elles peuvent inclure des observations directes, des entretiens, des questionnaires ou des études de cas, par exemple. Une fois collectées, elles sont analysées pour essayer de trouver des modèles, des tendances et des conclusions. Cela peut nécessiter l’utilisation de statistiques ou de techniques de recherche qualitative.
  5. Tirer des conclusions : une fois les données traitées, il ne reste plus qu’à tirer des conclusions sur la problématique de départ. Ces conclusions guident ensuite l’action pour surmonter la situation indéterminée
UN EXEMPLE SIMPLE

Prenons un exemple très simple. Je creuse une tranchée dans mon jardin. Ma pelle heurte un obstacle inconnu dans le sol. Je suis dans une situation indéterminée (étape 1) car mon projet est empêché. Cela devient problématique une fois que j’ai identifié le problème – “Il y a un obstacle. Cela ressemble à un objet oblong et grossièrement texturé” ‘(étape 2). Les hypothèses envisagées (étape 3) prendront une forme conditionnelle pour résoudre le problème – “Si ceci est une racine, je devrais pouvoir la couper avec une hachette.” Je peux valider l’hypothèse en observant alentour la présence d’autres racines ou d’un arbre (étape 4). La dernière étape, la conclusion, est l’utilisation de l’hypothèse comme guide pour l’action – Je frappe l’obstacle avec la hache, la racine se casse, et je continue à creuser

les avantages de l’enquête

La méthode de l’enquête de Dewey présente plusieurs avantages dans la résolution de problèmes.

Tout d’abord, elle met l’accent sur l’importance de collecter des données tangibles et de les analyser pour arriver à des conclusions logiques et fondées sur des preuves. En cela, elle ressemble à la méthode scientifique.

Ensuite, elle est itérative et flexible. Les étapes ne sont pas forcément suivies de manière linéaire. Ainsi, il est possible de revenir en arrière et réviser certaines étapes si l’on rencontre des difficultés ou découvre de nouvelles informations. Dans l’exemple précédent, si ce n’est pas une racine, on formule une autre hypothèse (“un mulot obstrue une galerie souterraine”). Cela permet d’adapter le processus de recherche en fonction des besoins et de la complexité du problème à résoudre.

Enfin, elle met l’accent sur la collaboration et la coopération : Dewey a souligné que l’enquête est un processus de travail en équipe qui permet de rassembler des idées et des perspectives différentes pour arriver à des conclusions plus complètes et plus précises.

pour aller plus loin

L’enquête est une méthode efficace pour résoudre des problèmes de toute sorte. Lors d’un prochain billet, nous l’appliquerons à la situation présentée en introduction.

 

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Insertion professionnelle Psychologie

L’entretien motivationnel pour accompagner les chômeurs : quelle efficacité ?

 Des études récentes montrent l’utilité de l’entretien motivationnel dans l’insertion professionnelle (IP)

Aurore est conseillère dans une mission locale du Val de Marne. Elle accompagne des jeunes de 18 à 25 ans pour qu’ils trouvent un emploi ou une formation. Afin de susciter l’envie chez ces jeunes gens, elle s’est formée à l’entretien motivationnel. Elle a l’impression que cette approche donne de bons résultats. Néanmoins, elle se demande ce que dit la science sur l’efficacité de l’entretien motivationnel (EM) en insertion professionnelle (IP).

Des résultats mitigés jusqu’à très récemment

Il y a quelques années, deux chercheurs norvégiens, Flodgren et Berg, ont réalisé une méta-analyse de cinq essais aléatoires contrôlés utilisant l’EM pour la réinsertion professionnelle.

L’impact en était globalement positif. Mais ces études étaient entachées de biais, comme des échantillons de faible taille. En outre, elles visaient des populations très particulières (souffrant de troubles mentaux ou de douleurs chroniques) rendant difficile l’extrapolation à la population générale.

Des résultats encourageants depuis lors

De nouveaux essais aléatoires publiés depuis lors ont montré des résultats plus encourageants.

Tout d’abord, la psychologue Eileen Britt et son équipe ont observé qu’après avoir formé à l’EM des conseillers à l’emploi, leur empathie augmentait sensiblement. Simultanément, leurs bénéficiaires exprimaient davantage le désir de mener des actions concrètes de recherche. C’est ce qu’on appelle, dans le jargon EM, le discours-changement.

De son côté, Wewiorski a montré que le discours changement prédisait le passage à l’action des bénéficiaires pour retrouver un emploi. Ces deux études combinées démontraient ainsi un résultat connu de l’EM. C’est l’incitation à générer du discours changement, par les techniques de l’EM, qui conduit les clients à agir.

Dans une dernière étude menée au Canada, Britt semble apporter enfin une preuve irréfutable de l’efficacité de l’EM en IP. Dans cet essai aléatoire portant sur un large échantillon de demandeurs d’emploi, les participant du groupe expérimental, exposés à l’EM, avaient 25% de plus de chance de retrouver un emploi que ceux du groupe-témoin.

Quels enseignements opérationnels retirer des ces études ?

Cette dernière étude met en avant plusieurs recommandations pour faciliter l’adoption de l’EM en insertion professionnelle.

Pour commencer, deux à trois jours de formation suffisent pour maîtriser l’EM, pourvu qu’un expert accompagne les conseillers a posteriori. Dans l’étude, les chercheurs codaient un entretien de chaque conseiller par semaine et leur fournissaient un retour immédiat.

Ensuite, le nombre d’entretiens doit être adapté à la motivation du bénéficiaire. Pour cela, l’équipe de Britt a classé les bénéficiaires en 4 catégories de motivation (de “ne voit pas l’intérêt de rechercher un emploi” à “effectue des démarches actives de recherche”). Les entretiens motivationnels étaient plus nombreux pour les catégories les moins motivées.

Enfin, les conseillers doivent travailler avec leur hiérarchie d’une part, les formateurs à l’EM et des experts en gestion du changement d’autre part, afin d’adapter l’organisation à l’EM. Car souvent l’EM contredit les habitudes des services de l’emploi. Conflits entre l’attitude empathique prônée par l’EM et le contrôle des allocations de chômage par les conseillers, espacement des rendez-vous qui fait perdre le contexte et manque de temps pour l’EM en sont des exemples.

Pour aller plus loin

En conclusion, l’EM paraît efficace pour aider les bénéficiaires des services à l’emploi à trouver plus souvent du travail. Diffuser l’EM pour les accompagner pourrait donc augmenter la productivité des services sociaux.

Cependant, beaucoup reste encore à découvrir, en particulier sur la manière d’adapter cette technique aux organisations existantes. Cela justifie la poursuite de la recherche dans ce domaine.

En attendant, si vous désirez en savoir plus sur l’EM et vous y former, rejoignez pour une modique cotisation l’Association Française de Diffusion de l’Entretien Motivationnel (AFDEM). C’est ici.

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Psychologie

Comment se former à l’entretien motivationnel ?

L’apprentissage de cette approche riche en applications s’apparente plus à un compagnonnage qu’à une formation classique

Dans de précédents articles, nous avons vu l’intérêt de l’entretien motivationnel et son application au mentorat ou à l’insertion professionnelle. Cette approche, certes puissante, requiert cependant des intervenants bien formés.

Dans ce billet, nous allons donc aborder le thème de la formation en entretien motivationnel

Formation classique

Le point de départ dans l’apprentissage est sans doute la lecture du livre de Miller et Rollnick, les deux fondateurs de la méthode (“L’entretien motivationnel” 3ème édition). Cet ouvrage, très riche, explore toutes les facettes de l’approche motivationnelle.

Ensuite, il est utile de compléter cette lecture par une formation de base avec des formateurs aguerris. Celle de l’AFDEM (Association Française de Développement de l’Entretien Motivationnel) dure 3 jours et permet de pratiquer en groupe des exercices d’apprentissage comme par exemple des simulations d’entretien.

Néanmoins, même après une formation de qualité, le chemin est encore long pour acquérir les 12 compétences de l’EM recommandées par Miller :

  • Comprendre dans quel esprit l’EM est pratiqué : partenariat, non jugement, altruisme et évocation
  • Développer le savoir-faire et l’aisance dans l’écoute réflective et dans l’ensemble des savoir-faire OuVER centrés sur le client
  • Identifier les objectifs de changement
  • Échanger de l’information et fournir des conseils dans un style EM
  • Être capable de reconnaître le discours-changement et le discours-maintien
  • Faire émerger le discours-changement
  • Réagir au discours-changement afin de le renforcer
  • Répondre au discours-maintien et à la dissonance
  • Développer l’espoir et la confiance
  • Savoir décider de façon collaborative du moment et du contenu du plan d’action
  • Renforcer l’engagement
  • Intégrer l’EM dans d’autres savoir-faire et pratiques cliniques

Pour se perfectionner, Miller et Rollnick préconisent le tutorat.

LE Tutorat en entretien motivationnel

Il consiste à faire observer ses échanges comme intervenant motivationnel par d’autres personnes formées à la méthode.

Une de ces formules est l’intervision. Un groupe d’intervision se compose de 3 personnes. L’une d’elle joue le rôle du client en présentant une situation d’ambivalence comme par exemple “j’ai du mal à faire de l’exercice”. Un autre membre du trio joue le rôle de l’intervenant, celui qui mène l’entretien motivationnel pendant une dizaine de minutes. La troisième personne observe l’échange qu’on a enregistré. Ensuite, le trio réécoute l’enregistrement en notant ce qui paraît significatif. La dernière partie consiste à débriefer l’entretien sous la houlette de l’observateur : qu’est ce qui a bien marché ? Qu’est-ce qui aurait pu être fait différemment ? Quels enseignements en retirer ? Le billet ici détaille l’intervision.

Ce qui est important dans ces séances d’intervision, c’est ce qu’on n’a pas entendu dans la séance, car cela donne des pistes d’amélioration à tester dans le futur.

L’autre forme d’observation des échanges est la supervision où un expert de l’EM écoute les enregistrements d’un entretien réel pour donner son retour sur la qualité de l’intervention.

Une autre forme de tutorat est constituée par les forums d’échange où l’on discute sur des sujets tels que “comment puis-je me servir de l’EM dans telle situation ?”

L’AUTO-EVALUATION

En pratiquant le tutorat, l’apprenti en EM prend du recul par rapport à sa propre pratique. Il devient peu à peu compétent dans sa propre évaluation. Pour cela, il réécoute ses enregistrements et utilise les grilles de codage qui permettent d’objectiver la qualité de ces derniers. Tout d’abord, en comptant les reflets (R) simples ou complexes, par exemple ceux contenant une hypothèse. Puis en dénombrant les questions (Q), ouvertes ou fermées, et en calculant le ratio R/Q. Miller et Rollnick préconisent un ratio supérieur à 2 pour éviter de transformer l’entretien en interrogatoire.

L’intervenant peut également compter les occurrences de discours-changement (DC) et de discours-maintien (DM) et calculer le ratio DC/DM et son évolution dans le temps de l’entretien. Il se pose des questions comme “quand le discours-changement est-il apparu ?”, “quelle a été la réaction de l’intervenant après son apparition ?”

Enfin, il décompte les occurrences de langage non conformes à l’esprit de l’EM, comme donner son avis sans permission, se confronter ou bien argumenter. Il peut également noter les réactions du client à ce langage.

POUR CONCLURE

L’apprentissage de l’EM est un chemin sans fin tant on découvre de subtilité dans l’art de conduire un entretien. D’ailleurs, la recherche sur les mécanismes à l’œuvre dans l’EM progresse également, donnant de nouvelles perspectives d’évolution.

Finalement, l’intervenant en EM est comme un pianiste. Il sait quand il enfonce une touche, si la note est juste (discours-changement) ou fausse (discours-maintien).

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Insertion professionnelle Mentorat Psychologie

L’entretien motivationnel et le mentorat en insertion professionnelle

L’entretien motivationnel est une approche prometteuse pour accompagner les jeunes éloignés de l’emploi

Dans un article précédent, nous avons présenté l’entretien motivationnel (EM). Il s’agit d’un style de communication collaboratif destiné à aider une personne à adopter un nouveau comportement.

Dans ce billet, nous nous intéresserons à son utilisation dans le mentorat d’insertion professionnelle et à la façon de le mettre en œuvre concrètement.

Pourquoi UTILISER l’EM en orientation PROFESSIONNELLE ?

Se lancer dans une démarche d’insertion professionnelle demande de la motivation. Il faut se fixer des objectifs. Il faut aussi se persuader qu’on possède les compétences spécifiques au métier désiré, ou qu’on peut les acquérir. Enfin, il est nécessaire de se convaincre que cette recherche a du sens par rapport à ses propres valeurs. Il faut aussi effectuer des actions parfois déplaisantes (comme convaincre un interlocuteur de sa valeur professionnelle). Ou parfois même anxiogènes (comme contacter de parfaits inconnus).

DES PREUVES EMPIRIQUES

Shékina Rochat, une spécialiste suisse de l’orientation professionnelle, l’affirme : “l’EM permet d’amplifier les objectifs de la personne et les croyances qu’elle peut influencer son destin et gérer ses émotions”.

Cependant, à la différence de la santé, la recherche scientifique sur l’EM en insertion professionnelle est encore balbutiante. Les études de qualité méthodologique et avec des résultats convergents sont encore insuffisantes.

Néanmoins une étude récente menée par la psychologue néo-zélandaise Eileen Britt ouvre des perspectives. Elle a montré que des conseillers d’insertion bien formés à l’EM influençaient le langage de leurs bénéficiaires. Celui en faveur de la recherche augmentait très significativement par rapport à celui de l’inertie. Or, un tel pattern permet de prédire un changement effectif dans le comportement.

D’ailleurs, selon le chercheur Brad Lundahl, “pratiquement chaque fois que l’EM a été testé empiriquement dans de nouveaux domaines (par exemple, la promotion de la santé), il a montré des effets positifs et significatifs. Ainsi, nous n’avons probablement pas encore trouvé les limites des types de problèmes et de symptômes auxquels l’EM peut être valablement appliqué”.

Comment se déroule l’EM dans le contexte de l’orientation professionnelle

L’accompagnement entre mentor et mentoré peut être structuré selon les quatre phases de l’EM:

  1. Engagement dans la relation :

Un mentorat réussi, comme toute forme de collaboration, commence par l’établissement d’une relation de confiance entre le mentor et le mentoré. A ce titre, trois postures peuvent nuire à la création de ce lien : celle de l’expert qui conseille, celle de l’inquisiteur qui enferme la discussion dans un feu de questions/réponses et celle du magistrat qui juge. Ces trois attitudes suscitent peu ou prou de la résistance de la part du jeune.

Au contraire, pour bâtir une relation empathique, il est préférable d’adopter un comportement centré sur le jeune. Pour cela, il faut lui poser des questions avec parcimonie et, en tout cas, ouvertes. Refléter son discours montre qu’on est à l’écoute. Il est utile également de valoriser sincèrement ses actions et de suspendre son jugement.

  1. Focalisation :

Dans cette phase, le mentoré choisit, avec son mentor, une direction précise de changement.

Parfois, il existe plusieurs alternatives pour s’orienter (par ex. trouver un stage, rechercher un logement, trouver un moyen de garder son enfant). Dans ce cas, le mentor établit, de manière collaborative avec le mentoré, la liste des options. Il l’amène à prioriser ce qu’il souhaiterait faire en premier.

S’il n’y a pas d’option qui émerge clairement, il faut évoquer les préférences du mentoré vers un futur désirable.

  1. Evoquer l’ambivalence et la résoudre :

Une fois l’objectif choisi, l’évocation consiste à faire émerger les propres motivations du jeune vers cet objectif. Ce “discours changement”, pour reprendre la terminologie EM, se manifeste par des mots exprimant le désir (“j’aimerais…”), une compétence (“je me sens capable de…”), une raison (“je voudrais parce que…”) ou un besoin (“j’ai vraiment besoin de…”). Le discours-changement, en revanche, s’oppose à l’objectif. L’entretien motivationnel consiste à amplifier le discours changement et à affaiblir le discours maintien.

De multiples stratégies permettent de susciter le discours-changement. Par exemple, le mentor peut aider le jeune à identifier ses valeurs clés (indépendance financière, autonomie, etc.) et à mettre ainsi en évidence les écarts entre ces valeurs et sa situation actuelle. Une autre stratégie est de l’encourager à imaginer le futur selon qu’il s’engage dans le choix professionnel qu’il a en tête ou qu’il reste dans le statu quo. Ou de lui faire décrire le pire et le meilleur scénario possible pouvant survenir à partir de la situation actuelle de manière à accroître ses aspirations liées à la carrière.

  1. Passer à l’action

Une fois que le discours-changement atteint un niveau satisfaisant par rapport au discours-maintien, le jeune est mûr pour passer à l’action. Il est prêt à formuler un plan d’action précis, comme par exemple, “téléphoner à 6 personnes de mon réseau pour tester mon projet professionnel”. A cette occasion, le mentor peut approfondir cet engagement en lui posant des questions ouvertes comme, par exemple : “Cette initiative est intéressante. Pourriez-vous m’en dire plus ?”

POUR CONCLURE PROVISOIREMENT

Les preuves commencent à s’accumuler qui démontrent l’efficacité de l’EM dans le domaine de l’insertion professionnelle. L’EM est un outil puissant pour résoudre l’ambivalence inhérente aux choix d’orientation professionnelle. C’est la raison pour laquelle nous nous proposons de l’employer systématiquement dans les entretiens entre mentor et mentoré. Nous ne manquerons pas de tirer les leçons de son utilisation dans un futur billet.